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"Megahertz" disparaît.

Article publié le jeudi 28 août 2008.


(JPG) Ce que vous allez lire ici va bientôt résonner comme un coup de tonnerre dans le microcosme du radioamateurisme : MEGAHERTZ magazine disparaît.

Après presque 26 ans de présence mensuelle, notre magazine ne paraîtra plus. Vous ne le verrez plus, ni dans les kiosques, ni dans votre boîte à lettres. La conjoncture aura eu raison de "P’tit Méga", notre sympathique mascotte que vous pouviez voir sur chaque couverture du magazine.

Alors, avant que les bruits les plus fous ne courent sur les forums radioamateurs, amplifiés et déformés par l’anonymat qu’ils autorisent, nous vous proposons de prendre connaissance des vraies raisons de cette disparition.

Ce n’est un secret pour personne, toutes ces dernières années, le marché radioamateur n’a cessé de décliner. En France plus qu’ailleurs. Imaginez : seulement 16 000 radioamateurs pour 65 millions d’habitants ! Nous n’analyserons pas, ici, toutes les raisons qui nous ont amenés à cette situation, certaines pourraient laisser croire à des rancœurs. Nous avons tenté de coller au plus près aux attentes de ce marché. Nous avons investi chaque sou gagné par le magazine, dans le magazine. Nous avons rogné sur tout, même sur les salaires qui depuis des années n’ont pas augmenté, malgré l’érosion constante du pouvoir d’achat ! Si, grâce à tous ces efforts et à tous ces sacrifices, nous avons pu prolonger la vie de la revue, aujourd’hui, nous sommes arrivés à la limite, et même au-delà, de ce que nous pouvions faire...

Internet, en favorisant les échanges entre radioamateurs, aura joué un grand rôle dans la disparition de la revue : il est fréquent d’y voir des demandes de photocopies ou de scans d’articles convoités, de copies de nos CD annuels, etc. Chaque photocopie, chaque scan, chaque copie de CD, c’est autant de magazines invendus donc autant de ressources en moins pour continuer d’acheter les articles techniques qui auront fait le succès de MEGAHERTZ magazine, pour payer les salaires de tous ceux qui chaque mois donnent le meilleur d’eux mêmes, pour payer notre imprimeur, pour acquitter les lourdes charges sociales, etc. Pour un magazine vendu, combien de paires d’yeux le lisent ? Dernièrement, un lecteur membre d’un radio-club, nous avouait tirer chaque mois 12 photocopies de la revue pour les autres membres ! Comment survivre dans ces conditions ?

Internet aura également porté un coup fatal au commerce français : les achats à l’étranger constituent maintenant un acte quotidien qui fragilise nos revendeurs et, par là même, la presse spécialisée. En effet, moins d’achats c’est moins d’argent à investir dans la publicité. Pour soutenir nos annonceurs comme ils nous ont soutenus, nous avons toujours répondu "non" aux demandes de revendeurs étrangers souhaitant profiter de la notoriété de MEGAHERTZ magazine pour investir le marché français. Certains nous l’ont reproché, n’ayant certainement pas compris que l’on ne pouvait pas jouer sur tous les tableaux sans y perdre notre âme.

Le prix du papier, comme celui de nombreuses autres matières premières, a flambé ces dernières années ; nous n’avons pu répercuter, sur le prix de vente de la revue, qu’une partie des augmentations que nous avons sublies. Si nous avions répercuté la totalité des hausses, cela eût été suicidaire. Néanmoins, nos marges étant quasi nulles, le résultat est que nous avons accumulé les pertes.

La Poste est en train d’assassiner la presse. L’augmentation du coût des envois postaux fait que les abonnements ne sont plus rentables pour un petit éditeur comme nous. François Régis Hutin, le "patron" de Ouest-France, le plus grand quotidien de notre pays, titrait récemment un éditorial ainsi : "La presse écrite au bord du précipice" en expliquant que, bientôt, la poste française sera celle qui, en Europe, pratiquera les tarifs de distribution de la presse les plus élevés. Elle va soumettre la presse écrite à une hausse considérable de ses tarifs. Vous comprendrez aisément qu’il n’était pas possible, en ces temps de quasi récession où chacun rogne sur le budget loisirs, d’augmenter considérablement le tarif des abonnements.

Pour toutes ces raisons et sans gaité de cœur, vous pouvez nous croire, la société SRC, éditrice de MEGAHERTZ magazine, se voit acculée à la liquidation...

Avant de nous retirer, nous voudrions remercier ici tous ceux, lecteurs, auteurs, annonceurs, qui auront suivi l’aventure de "P’tit Méga" depuis le début, ou qui auront pris le train en marche, avec une mention spéciale pour nos fidèles abonnés. Dès que nous avons su, cet été, que nous ne pourrions aller plus loin, nous avons cessé d’encaisser chèques d’abonnement et règlements par CB... Hélas, les caisses étant totalement vides, nous ne pourrons rembourser ni les abonnements déjà encaissés, ni les abonnements en cours. Nous demandons pardon du plus profond du cœur à ces abonnés-là. Si cela peut les consoler un tant soit peu, qu’ils sachent que c’est grâce à eux que les derniers numéros de MEGAHERTZ magazine ont pu voir le jour.

Pardon également à notre fidèle imprimeur, la SAJIC à Angoulême, qui depuis 15 ans imprimait la revue avec un soin d’un très grand professionnalisme, n’hésitant pas à nous appeler au moindre détail semblant suspect, contribuant ainsi à éviter le maximum de "coquilles".

Merci encore à nos auteurs, ils ont fait confiance au magazine et ont largement contribué à son succès ; nous aurions aimé rétribuer davantage les articles techniques, au vu du travail que demande leur rédaction, mais nous ne pouvions pas...

Merci enfin à nos fidèles annonceurs, ils nous auront permis d’exister pendant un quart de siècle. Nous leur souhaitons bonne route et bon courage pour affronter la conjoncture peu engageante de la mondialisation.

MEGAHERTZ magazine n’est plus ; "P’tit Méga" rejoint le monde des Silent Keys ; La station F8KHZ passe définitivement en QRT ; VA ou di-di-di-dat di-dat.



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